Interview - Avec sa chenille synchronisée, Vincent Piguet a conquis trois des quatre jurés du concours de M6, ainsi qu’une bonne partie du public. Il revient sur son passage sur M6 et sur sa drôle de vocation
Il s’appelle Vincent Piguet, dit "La Pig", il est prof de chenille synchronisée et, hier soir, dans « La France a un incroyable talent », il a obtenu les trois "oui" nécessaires à sa sélection. Dans ses habits fluo, et accompagné de ses "chenillettes", il a embarqué une partie du public, du jury et des techniciens de l’émission au rythme de La che che (titre qu’il a écrit et qui est actuellement disponible sur les plateformes). « Vous avez mis un joyeux bordel mais vous avez rassemblé, contaminé beaucoup de gens par votre joie de vivre, par votre folie », a commenté Hélène Ségara. « J’ai adoré ! Je pense que c’est un moment mythique de l’émission », a ajouté Eric Antoine. Un point de vue que n’a évidemment pas partagé Sugar Sammy. « C’est fascinant, vous avez pris tout ce qu’on déteste dans un mariage ou une croisière et vous en avez fait un numéro », a-t-il jugé. Mais pas de quoi semer le doute chez le créateur de la Chenille school academy – également comédien – qui revient sur son audition pour 20 Minutes.
Qu’avez-vous ressenti au moment où Hélène Ségara vous donne votre troisième oui, synonyme de sélection ?
Du soulagement ! On était contents car nous, on y est allés pour s’amuser. On s’est dit qu’avec trois "oui" sur quatre, le jury nous validait.
Pour autant, n’avez-vous pas eu quelques doutes quand, au départ, Sugar Sammy n’a pas pris très au sérieux la présentation de votre numéro ?
Non parce que je me suis dit qu’il était dans son rôle. Qu’on aille au bout ou pas, je m’attendais à ce qu’il buzze, parce que, effectivement, tout le monde ne comprend pas le fait que l’on puisse être prof de chenille et donner des cours de chenille synchronisée. Je savais que ce qu’on allait faire, c’était fun. Je le vois auprès des personnes avec qui j’en parle : au début, ça fait sourire, puis après ils trouvent que c’est une super idée, que ça donne de la joie. Les gens s’éclatent et ne se prennent pas au sérieux. C’est une nouvelle discipline.
Comment avez-vous vécu cette audition ?
C’était super ! J’ai passé un très bon moment. La chenille, ça rassemble. Du coup, ça a rassemblé les techniciens, les autres artistes, et Karine Le Marchand, qui était plutôt sceptique au départ. C’est très feel good. Je ne m’étais pas mis trop de stress car nous sommes convaincus de ce qu’on fait, ça nous plaît. Puis c’est « La France a un incroyable talent » qui est venue me chercher. Si les gens n’avaient pas adhéré, cela ne m’empêcherait pas de continuer. Donc pas de pression. Et force est de constater que ça a plutôt pris, auprès du public et auprès du jury. C’était une bonne surprise aussi. C’est la magie du spectacle vivant.
C’est quoi une chenille réussie ?
C’est quand tout le monde a envie de la faire déjà. C’est une chenille qui ne se brise pas. Voilà pourquoi je fais faire des échauffements car il faut avoir les poignets souples et les mains fermes. Une chenille qui se brise, c’est éliminatoire. Donc j’insiste pour que les gens soient bien préparés. Puis il faut avoir le sourire, et être en osmose avec les autres.
Est-ce facile d’être pris au sérieux quand on est prof de chenille ?
On n’est pas pris au sérieux mais quand on y croit à fond, on est légitime et les gens finissent par se dire : pourquoi pas, il a raison.
Comment est née l’idée d’exercer cette profession ?
Ça part d’une vanne car il y a dix-huit ans, quand j’ai commencé en tant qu’humoriste, mon premier sketch s’appelait "Le Chenilliste". Puis je l’ai abandonné, j’ai joué dans des pièces de théâtre. Comme j’étais dans The Full Monty, je me suis dit que j’aimerais bien faire une pièce chorale, une fable autour de la chenille. Mais il y a eu Le Grand bain, de Gilles Lellouche, qui est sorti avec des gens qui font de la natation synchronisée. C’était un peu le pitch que j’avais donc je suis dit que c’était dommage. Puis, j’ai eu l’idée de le faire pour de vrai. C’était l’après-covid. J’ai ouvert une école de chenille en 2022 et je me suis dit : « on verra ». Au début, il n’y avait pas beaucoup de monde, mais comme j’avais la foi, j’ai persisté. Puis j’ai fait le record de chenille à Rouen, ensuite à Lille, et les médias se sont intéressés à moi. BFMTV a fait une vidéo en venant à mes cours et là, ça a buzzé. Les gens ne savaient pas si c’était une blague ou pas. En tout cas, on a un site, une école. Ça fait rire et, en même temps, les gens sont admiratifs car ils voient qu’il faut croire en ses rêves.
Avez-vous de plus en plus d’élèves avec la couverture médiatique dont vous bénéficiez ?
Oui et il faut que je trouve une salle plus grande à Paris. Les cours sont gratuits, les gens payent juste l’adhésion à l’association. Leur licence de "Chenille" coûte 10 euros à l’année et moi, ça me permet de louer une salle, d’acheter du matériel. De partout, on me demande d’ouvrir d’autres écoles. En province, et même à Québec, les gens sont intéressés. Je leur réponds que s’ils y sont motivés, ils peuvent faire une succursale, mais je leur rappelle que je ne fais pas payer les cours.
Qu’attendez-vous de votre passage sur M6 ?
Que cela me permette de semer la bonne parole de la chenille ! Que cela suscite des vocations, que les gens aient envie de prendre des cours, que cette bonne humeur soit contagieuse.
Pourquoi la chenille ?
Dans ma famille, on a toujours aimé danser. Je suis humoriste-comédien (il est actuellement en tournée avec Les hommes se cachent pour mentir), et j’ai toujours fait des chenilles, j’ai toujours aimé rassembler les gens. Je suis plutôt un ambianceur. Si j’avais dû faire un bilan de compétences, c’est prof de chenille qui serait ressorti, c’est là où je suis le plus à l’aise, encore plus que sur scène ou devant une caméra. Je suis vraiment dans mon élément. J’étais fait pour être prof de chenille. C’était ma vocation.
Article d’origine - Yahoo Actualités